Dans l’univers de la danse, les frontières entre le classique et le hip-hop sont de plus en plus floues.
L’un des meilleurs exemples de cette fusion est sans doute Lil Buck, un danseur américain originaire de Memphis qui a su allier la grâce du ballet à l’énergie de la street dance.
Considéré comme l’un des meilleurs danseurs de la scène internationale, il a collaboré avec des personnalités de renom tels que Spike Jonze, Benjamin Millepied et Michael Jackson. Dans cet article, nous vous proposons de découvrir le parcours de Lil Buck, de ses débuts dans la danse de rue à sa consécration dans le monde du ballet.
Lil Buck : de Memphis à la scène internationale
Le futur Lil Buck, de son vrai nom Charles Riley, est né à Memphis, Tennessee en 1988. C’est dans cet endroit qu’il découvre le memphis jookin, une danse née dans les clubs et les rues à la fin des années 80. Cette danse est caractérisée par des mouvements fluides et des glissades sur les pointes des pieds, une technique que Lil Buck maîtrisera rapidement.
L’enfance de Lil Buck
Dès son plus jeune âge, Lil Buck est passionné par la danse et les arts en général. « Je me souviens de mes premiers pas de danse dans les rues, où la culture hip-hop était omniprésente.
J’étais fasciné par la manière dont les danseurs de jookin semblaient défier la gravité », raconte-t-il. Il est particulièrement influencé par la culture de sa ville natale, riche en musique et en danse, ainsi que par les vidéos de Michael Jackson, qu’il admire pour sa capacité à fusionner différents styles de danse.
« Michael Jackson était une légende pour moi. Sa façon de bouger, de créer des histoires avec son corps, c’était tout simplement magique. J’ai passé des heures à étudier ses vidéos, essayant de reproduire chaque mouvement avec précision », confie Lil Buck.
En 2003, une rencontre fortuite change le cours de sa vie. Il fait la connaissance de Yo-Yo Ma, le célèbre violoncelliste, qui l’encourage à poursuivre dans la voie de la danse. Cette rencontre marque le début d’une collaboration extraordinaire qui les mènera sur les scènes internationales et permettra à Lil Buck de se faire connaître du grand public.
« Yo-Yo Ma m’a ouvert des portes que je n’avais jamais imaginées. Il a vu en moi un potentiel que je n’avais pas encore découvert », se souvient Lil Buck. Leur première collaboration sur « The Dying Swan » a été un moment décisif, mêlant la grâce du violoncelle de Ma avec les mouvements fluides et hypnotiques de Lil Buck.
La culture de la street joue un rôle essentiel dans le développement du style unique de Lil Buck. La street, berceau de nombreux genres musicaux comme le blues, le rock ‘n’ roll et la soul, offre un terreau fertile pour l’expression artistique.
« Memphis est un lieu où la musique et la danse sont des langages universels. La créativité y est omniprésente, et cela m’a profondément inspiré ».
Les rythmes syncopés du blues et les harmonies du gospel ont imprégné son style de danse, ajoutant une profondeur émotionnelle à ses performances.
Un chemin vers la gloire semé d’embûches
Cependant, le chemin vers la reconnaissance n’a pas été sans défis. Lil Buck a dû faire face à de nombreux obstacles, notamment la reconnaissance de la danse jookin comme une forme d’art légitime. « Beaucoup de gens ne comprenaient pas ce que je faisais. Ils pensaient que le jookin était juste une danse de rue sans valeur artistique », raconte-t-il.
Mais avec persévérance et passion, il a su prouver le contraire, montrant que cette danse pouvait avoir sa place sur les scènes les plus prestigieuses.
Aujourd’hui, Lil Buck continue de repousser les limites de la danse, collaborant avec des personnalités de divers horizons et explorant de nouvelles formes d’expression.
Son parcours, de sa ville natale à la scène internationale, est une source d’inspiration pour de nombreux jeunes danseurs qui rêvent de suivre ses traces.
Lil Buck ou la rencontre entre le hip-hop et le classique
Lil Buck n’a jamais fait de distinction entre les différentes formes d’art, et c’est lorsqu’il intègre la scène classique qu’il trouve véritablement sa voie. En 2005, il entre à la Los Angeles Opera National, où il enrichit son vocabulaire chorégraphique en étudiant le ballet auprès de Benjamin Millepied. Par la suite, il intègre le New York City Ballet en tant que danseur principal.
Au fil des années, Lil Buck développe un style unique, mêlant les mouvements du hip-hop, en particulier du memphis jookin, et du classique. Dans le jookin, on trouve des mouvements fluides et des glissades complexes sur les pointes des pieds, souvent appelées « gangsta walking » ou « toe spins ». Ces techniques exigent une grande maîtrise de l’équilibre et une précision impeccable des pieds.
Ballet
En parallèle, Lil Buck intègre des éléments du ballet tels que les pirouettes, les arabesques et les pliés, qui demandent une posture rigide, un alignement parfait du corps et une force musculaire considérable.
Hip classique
Il est reconnu comme l’un des pionniers du hip classique, un genre qui allie la grâce du ballet et l’énergie de la danse de rue. Grâce à cette fusion, il réussit à toucher un public varié, aussi bien les amateurs de danse classique que ceux de street dance.
Danse
Dans le milieu de la danse, Lil Buck est souvent comparé à des artistes tels que Misty Copeland et Sergei Polunin, qui ont également réussi à briser les barrières entre les différentes disciplines.
Collaborations prestigieuses et reconnaissances internationales
Au fil de sa carrière, Lil Buck a collaboré avec de nombreux artistes et chorégraphes de renom, tels que Spike Jonze, Benjamin Millepied, Yo-Yo Ma et Madonna. Chaque collaboration a apporté une nouvelle dimension à son art et a contribué à élargir son influence sur la scène internationale.
En 2011, il est choisi par le réalisateur français Louis Wallecan pour incarner le personnage principal de son film « Lil Buck: Real Swan », qui retrace le parcours du danseur depuis ses débuts dans les rues de Memphis jusqu’à sa consécration sur la scène internationale. Ce film, présenté en 2019 à l’Opéra National de Paris, apporte une reconnaissance supplémentaire à Lil Buck et lui permet d’accéder à un public encore plus large.
La critique salue sa performance et sa capacité à repousser les limites de la danse. Le journal Le Monde écrit : « Lil Buck transcende les frontières du classique et du moderne, offrant une prestation qui redéfinit ce que la danse peut être ». De même, The New York Times loue sa capacité à « capturer l’essence de la danse urbaine tout en y infusant la grâce et la discipline du ballet ».
En 2020, Lil Buck est l’un des danseurs principaux de la production de «Swan Lake» dirigée par Benjamin Millepied et présentée à l’Opéra National de Paris.
Cette mise en scène novatrice, qui mêle ballet et danse de rue, est saluée par le public et la critique.
Les collaborations spécifiques de Lil Buck, telles que celles avec Spike Jonze et Yo-Yo Ma, ont été particulièrement marquantes.
Avec Spike Jonze, Lil Buck a participé à plusieurs projets vidéo qui ont mis en avant sa capacité à raconter des histoires à travers ses mouvements.
L’un de leurs travaux les plus célèbres est le court métrage «The Dying Swan», où Lil Buck danse sur la musique jouée en live par Yo-Yo Ma.
Ce projet a été largement acclamé, avec The Guardian affirmant que « la performance de Lil Buck est un exemple brillant de la manière dont la danse peut transcender les genres et toucher le cœur du public ».
Le magazine Dance Magazine décrit la performance comme «un mélange audacieux et réussi de deux mondes apparemment opposés, démontrant l’universalité de la danse».
En quête de reconnaissance
La collaboration avec Yo-Yo Ma a également eu un impact profond sur la carrière de Lil Buck. Leur performance conjointe de « The Swan » de Camille Saint-Saëns a été un moment déterminant, faisant de Lil Buck une figure respectée non seulement dans le monde de la danse urbaine mais aussi dans les cercles de la musique classique.
Le parcours de Lil Buck est jalonné de collaborations et de performances qui ont non seulement enrichi son propre art mais ont aussi contribué à élargir les horizons de la danse contemporaine. Ses collaborations avec des professionnels de différents domaines montrent l’universalité de la danse et ouvrent la voie à de futures expérimentations. En tant que pionnier dans la fusion des styles, Lil Buck continue d’influencer et d’inspirer, prouvant que la danse est un langage universel en constante évolution.
“Travailler avec Lil Buck a été une expérience incroyablement enrichissante. Il a une capacité unique à communiquer l’émotion à travers chaque mouvement ».
Yo-Yo Ma
Lil Buck, symbole d’une danse en constante évolution
Le parcours de Lil Buck illustre à merveille la façon dont la danse évolue et se nourrit de ses différentes disciplines. En mêlant le hip-hop et le classique, il a réussi à créer un style unique qui séduit un public toujours plus large et contribue à faire évoluer la perception de la danse. Sa capacité à fusionner les mouvements du jookin, caractérisés par des glissades et des rotations sur les pointes des pieds, avec la rigueur et la grâce du ballet, a ouvert de nouvelles perspectives dans l’art de la danse.
La fusion des styles par Lil Buck influence profondément la perception globale de la danse dans différentes cultures. En intégrant des éléments de la danse urbaine à des formes traditionnelles, il montre que les barrières traditionnelles entre les genres peuvent être brisées. Cette approche contribue à une plus grande acceptation et appréciation des danses urbaines comme des formes d’art à part entière, légitimées par leur inclusion dans des contextes académiques et sur des scènes prestigieuses.
Les critiques et les amateurs de danse de tous les horizons commencent à voir le hip-hop non seulement comme une danse de rue, mais comme une discipline qui peut être aussi technique et expressive que le ballet ou la danse contemporaine.